[TW Sang, coupure]

Il y avait certains jours où Ollie aurait préféré rester au chaud dans sa couette. Ce dimanche en faisait parti et elle avait dû se faire violence pour enfin sortir de ses draps encore chaud. Les rideaux ouverts avaient laissés percer une lumière tamisée par d’épais nuages qui recouvraient la banlieue sorcière Londonienne. Dire qu’elle devait sortir courir alors qu’ils menaçaient à tout moment de cracher leurs soûls. Aucun échappatoire ni répit lorsqu’on était un athlète. Elle devait entretenir sa masse musculaire et son endurance, qu’il pleuve, vente ou neige. Une parka enfilée, l’œil sur sa montre, elle s’élança vers ses sentiers de courses habituels.

Au final, l’averse n’était tombée que lorsqu’elle avait remis un pied dans sa demeure, un peu moins d’une heure plus tard. L’esquisse d’un sourire avait presque percé ses lèvres. Elle avait terminé ses étirements au chaud dans son salon, scellant sa routine matinale par la préparation d’un petit-déjeuner gourmand. Elle avait une faim de loup et tout son corps lui réclamait son dû après sa dépense.

Son énergie s’articulait autour de 4 ou 5 repas par jour. Le fractionné semblait être ce qui fonctionnait le mieux pour son métabolisme, lui permettant d’avoir une digestion plus rapide et moins dépensive. En semaine, elle avait mis quelques mois à trouver l’équilibre entre les entraînements et les séances en tout genre.

Affairée dans sa cuisine, elle s’était décidée à préparer un bol de céréales, accompagnées d’une ribambelle de fruits de saison qui traînait encore sur le meuble et dans son frigidaire et d’un peu de lait d’amande. Elle n’avait eu le temps de faire ses courses cette semaine-là, elle aurait probablement pu demander à Ashley, son agente, de lui faire la veille, mais c’était sa faute d’avoir oublié de la prévenir. Décidément, la météo morose semblait déteindre sur son humeur du jour et la procrastination pointait le bout de son nez.

Son fidèle berger australien, Mulligan était à présent jaloux de sa sortie. Il avait eu l’occasion d’aller dehors quelques minutes ce matin-là, mais débordait toujours d’énergie. C’était malheureux, Ollie ne pouvait le laisser sortir au vu de l’averse qui tombait à présent. Il allait être noyé, allait devoir prendre une bonne douche et Merlin savait à quel point l’animal pouvait être intenable à l’heure du bain. Le chien était venu se mettre contre ses jambes, secouant vivement sa queue en attente de l’attention de sa maîtresse. « Wait a minute! » Peut-être tentait-il de la prévenir de l’incident qui allait arriver sous peu.

Concentré dans le pelage d’une poire, elle n’avait eut le temps de réagir lorsque Mulligan était venu écraser son fessier contre ses jambes, la poussant et la déséquilibrant. La lame ayant bien entamé sa course, avait terminé contre sa paume, tranchant la surface de sa paume. Elle n’eut le temps de réagir que la douleur pointait déjà le bout de son nez. « MUL’...! » Elle avait lâché le couteau sur la planche, la poire suivant sa route. « Shit. »

Elle avait actionné le robinet et avait laissé l’eau coulait le long de sa main, nettoyant du sang qui continuait de couler. La plaie un peu plus propre, elle avait pu observer la nature de cette dernière, espérant qu’elle ne soit pas trop profonde. C’est qu’elle avait entraînement le lendemain et qu’elle ne voulait certainement pas se retrouver à l’arrêt, même pour une ou deux journées. La plaie semblait relativement superficielle, pas nécessairement très profonde, mais juste assez longue pour laisser un flot de sang s’évader. « Fucking hell, j’vais pas aller aux urgences pour ça ? » Il y avait plusieurs raisons à son refus de rejoindre Sainte-mangouste : en premier lieu, l’endroit allé être plein a craqué un dimanche, deuxièmement, elle allait probablement être reconnue là-bas et elle n’était pas sûre de vouloir faire la une des journaux people le lendemain, troisièmement, c’était vraiment minable d’aller emmerder un médecin pour si peu.

Le sang ne l’effrayait pas, pas plus que la douleur, qui lui était largement supportable. Elle ressentait un léger picotement, mais rien que de l’eau fraîche ne puisse calmer. Et puis son corps en avait subit des traumatismes, en tant qu’athlète, mais surtout en tant que joueuse de quidditch. Quand on jouait avec une équipe comme les Falmouth falcons, il fallait savoir se servir de ses poings pour se frayer un chemin et être prêt à recevoir des coups en contre-partie.

Le seul souci, c’est qu’elle était incapable de refermer la plaie par elle-même.

Hannah fut le premier nom qui lui vint en tête. Une ancienne connaissance, voir même amie, qu’elle avait côtoyée pendant un long moment sur les bancs de Poudlard. Elles avaient quelque peu perdu contact, les années passant, mais avait toujours gardé un œil l’une sur l’autre, de loin. Quelques hiboux, quelques appels… Mais pour sûr qu’elle saurait prendre soin de sa plaie, voir même la faire disparaître entièrement pour le lendemain. Mais cela voulait dire se rendre à l’improviste chez elle, un dimanche. À la simple idée de la déranger, son ours d’anxiété s’était réveillé.

Elle n’allait tout de même pas infliger sa présence à quelqu’un avec qui elle n’avait parlé depuis quelques mois ? Hannah l’avait sûrement oubliée depuis le temps ? Ce n’était pas étrange de se rendre chez quelqu’un sans avoir donné de nouvelles ? Même si elle la prévenait, là, de suite… Elle n’était peut-être pas chez elle ? Et puis ce n’était quand même pas très poli ? Peut-être les urgences étaient une meilleure idée ? Non, les médecins avaient mieux à faire. Ou peut-être qu’elle était avec quelqu’un ? Elle avait pensé à la perte de temps que cela impliquait ? Peut-être que si elle bandait juste la main, cela suffirait ?

Elle avait beau retourné le problème dans tous les sens, elle revenait sans cesse à la même conclusion : elle ne pouvait pas rester toute la journée, la main sous l’évier. La rouquine devait faire un choix avant de se vider entièrement de son sang dans sa cuisine. Un peu fébrile, mais décidé, elle avait enroulé sa main dans un torchon propre, saisit dans son placard.

Hannah était probablement plus proche de chez elle que de se rendre à l’hôpital et elle devait se rendre à l’évidence qu’entre embêter une amie et se taper les paparazzis du coin, elle préférait largement se rendre chez quelqu’un pour qui elle avait de l’affection. Elle avait mis une longue veste, légère, tant bien que mal, calant sa main contre sa poitrine à l’abri des regards. Un chapeau avec un léger bord cachant sa chevelure et ses yeux, elle était partie au pas de course dans les rues de la banlieue londonienne.

Elle avait évité bien des passants, se remémorant les rues qu’elle avait déjà empruntée pour se rendre chez son ancienne amie. Elle habitait un appartement dans un quartier assez tranquille et le bâtiment était plutôt reconnaissable avec sa lourde porte en bois ancien. Poussée de l’épaule, elle s’était engouffrée dans la cage d’escalier, montant les étages, la boule un peu au ventre.

Elle avait toqué à la porte de la jeune femme, se reculant d’un pas en maintenant sa main contre elle. Quand elle vit la tête de son amie, elle s’était immédiatement confondue en excuses. « Hey … Désolée de te déranger un dimanche matin… Mais euh … » Elle avait sorti sa main de sous son manteau, le torchon couvert de sang. « J’ai besoin d’un petit coup de main ? … J’me suis taillé un bout ... » Elle implorait Hannah de ses yeux, partagée entre l’inquiétude et le plaisir de revoir la tête d’une amie. Elle espérait au moins qu’elle pourrait l’aider à soigner sa pauvre main, sinon elle était bonne pour faire un tour aux urgences de Sainte-Mangouste.